Asham….

Asham

C’était un lundi de Pâques gris et triste… et tu as choisi ce jour là pour faire ton grand voyage vers les étoiles.

Depuis l’automne nous vivions ensemble ou presque : toi chez Robert et Dédé et moi de l’autre côté de la prairie. Ta présence était pour moi d’un immense réconfort, comme une ancre à laquelle je m’étais accrochée.

Robert et Dédé avait généreusement mis à ta disposition un pré avec un accès libre à l’écurie. Quel plaisir de te voir sur le pas de la porte regardant passer les bourrasques de vent, de pluie ou de neige. Ou encore en pleine sieste couché au milieu de ton pré,  réchauffé par le soleil d’hiver.

Cela faisait quelques années que ta mauvaise dentition te privait de foin et plus récemment d’herbe que tu parvenais tout juste à chiquer. Régulièrement tu perdais des dents. A la dernière visite du vétérinaire, sur ta mâchoire supérieure il ne restait plus qu’une molaire de chaque côté.

Cela m’a obligé à revoir complètement ton alimentation. Après beaucoup de tâtonnements et d’ajustements j’ai fini par trouver un régime qui te convenait parfaitement : une ration d’aliment floconné et une délicieuse pattée de foin et céréales. Ainsi matin et soir tu arrivais du fond de ton pré souvent au petit galop quand tu n’étais pas déjà là dans ton écurie à attendre.

Assez vite Robert a pris la main : c’est lui qui assurait le service, à moi de préparer tes rations et de faire ton pansage ! Nous avions trouvé là un équilibre où chacun prenait son plaisir. Pas question pour Robert d’avoir du retard : il faut être rentré à la maison à l’heure pour soigner le cheval expliquait-il à ses hôtes !

Alors que l’hiver avait tout figé dans la glace, Robert a pensé que tu mangerais mieux si ta ration de boulettes de foin et de céréales était préparée à l’eau tiède… Et voilà mon Robert qui, matin et soir, traversait la route avec un seau d’eau chaude !

Tu avais pris du poids un peu trop même. Vous « l’embucquez » disait Dédé ! Mais la nourriture restant ton unique plaisir dans ta vie d’étalon solitaire ni Robert ni moi avions le cœur à te rationner.

Robert, en homme de la terre qui toute sa vie durant a élevé vaches, chevaux, cochons, a mis tout son bon sens paysan, tout son amour, toute sa gentillesse dans chaque ration qu’il t’a servi veillant à ce que tu manges bien et que ton eau soit toujours propre.

Dédé, au coin de sa cuisinière, m’accueillait avec un immense sourire sur les lèvres et me préparait un bon café ! Et quand les jours étaient trop sombres elle avait toujours le petit mot pour rire, la parole qui réconforte… et je quittais sa cuisine le cœur et l’âme réchauffée.

Dédé, Robert un immense merci à vous deux pour votre chaleur, votre bonté, merci d’avoir été là pour Asham et pour moi.

Tu es parti si soudainement mon gros père, je n’ai pas eu le temps de me préparer, juste le temps d’une caresse pour te dire au revoir. Quel vide, quel trou béant dans mon cœur !

Je sais maintenant que ma vie va s’ouvrir sur d’autres horizons… sans toi, mais je te garde là dans un petit coin de moi, mon bel étalon à la robe dorée, mon sauveur, mon cheval de cœur.

Dominique

Les-Randonnées-Sauvages-de-l'Habitarelle-Asham
Les-Randonnées-Sauvages-de-l'Habitarelle-Dede
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